E3 2005 : déboule sur les écrans du stand Sony une vidéo qui va en
laisser beaucoup pantois. Nombreuses sont les rumeurs annonçant cette
maestria visuelle comme étant en temps réel, créant un énorme buzz qui
marquera bien des esprits.
Ce qui s'avérera finalement être un
simple target render scellera une partie du destin de Killzone 2 : le
jeu se devra d'être un étalon visuel. Lourde tâche pour Guerrilla Games
qui, 4 ans plus tard, livre enfin son FPS...
The Art of War
Killzone
2 est beau, très beau même. Certes pas au niveau des scènes
précalculées qui auront fait couler tant d'encre, mais le titre de
Guerilla est sans conteste l'un des plus beaux de la PlayStation 3.
Les
sublimes et complexes décors du jeu trahissent l'attention portée par
les développeurs : les textures sont, pour la plupart, fines et
détaillées, et l'univers entier est bercé dans un flot d'effets
postprocess du plus bel acabit. Les protagonistes ne sont pas non plus
en reste : eux aussi très joliment modélisés et texturés, ils se voient
dotés d'un système d'animation des plus convainquants.
Ce déluge
visuel est, de surcroit, parfaitement digéré par la PlayStation 3 qui,
en toute occasion, offre au joueur une fluidité exemplaire.
Killzone
2 est donc un délice pour les rétines, mais, au delà de l'aspect
purement technique du titre, il faut aussi souligner sa direction
artistique. Le joueur se retrouve plongé dans un monde
post-apocalyptique d'une noirceur magnifique, où tout semble si exiguë,
presque oppressant. Les contrastes sont violents, passant d'un noir
profond à d'étourdissantes lumières, et le jeu tout entier nage dans
une atmosphère particulière et bien maitrisée.
Toutefois, ces
choix de design sans concession pourront déplaire à certains. Le FOV
ridicule du jeu donne l'impression d'avancer avec des œillères, dans un
environnement quasi-monochrome et parfois confus.
Michael Bay es-tu là ?
Passons
sur le scénario minimaliste, tenant largement sur une feuille de papier
à cigarette et simple prétexte à la débauche de violence offerte par le
jeu, pour aborder le gameplay.
Comme on pouvait s'y attendre,
Killzone 2 est tout ce qu'il y a de plus classique. Mû du début à la
fin par de bons gros scripts, le jeu n'aspire que très rarement à
proposer une légère sensation de liberté. Finalement proche d'un Call
of Duty dans son déroulement, le titre de Guerilla se place sur le
créneau des FPS PopCorn, mais il le fait bien.
Brutal, violent
et impressionnant, Killzone 2 en met plein la vue. Les scripts sont
parfaitement huilés et placent le joueur au cœur d'une action
explosive, maintenant le rythme tout au long de l'aventure. L'action va
crescendo et ne laisse guère le temps de souffler.
Aussi
scripté le jeu soit-il, l'IA des ennemis n'a pas été laissée de côté.
Vos opposants vont tenter de vous encercler, de vous déloger à la
grenade, et se révèlent être plutôt bons tireurs. Convaincante et
coriace, l'IA améliore l'immersion et pousse à utiliser l'ingénieux
système de couverture.
Ce dernier, adroitement inspiré par Gears of
War, apparait comme un peu déroutant au départ mais se révèle
véritablement essentiel. Il n'est certes pas toujours aisé de combiner
toutes les possibilités des commandes avec la couverture, mais le
système se veut efficace et rapidement on ne peut plus imaginer faire
sans.
Killzone 2 n'est pourtant pas exempt d'étranges défauts
de level design. Ce dernier se révèle parfois ancestral dans sa
conception, nous propulsant en des temps oubliés... La profusion de
barils explosifs sur le champ de bataille, aux côtés desquels vos
ennemis vont s'abriter, ou le respawn infini de vos opposants en
certains endroits, sont des exemples criants de la plus grande
faiblesse du titre.
Le jouissif de certaines zones
particulièrement bien pensées côtoie l'absurde et, même s'il reste
agréable d'arpenter les décors du jeu, certains choix de level design
resteront sans nul doute énigmatiques.
Conclusion
Attendu
au tournant, Killzone 2 s'impose bien comme le gros titre PlayStation 3
qu'il se devait d'être. Sans surprise mais diablement efficace,
visuellement brillant et terriblement accrocheur, le titre de Guerilla
Games rempli avec brio son cahier des charges.
Porté par un budget de
plus de 20 millions de dollars et un développement interminable,
Killzone 2 ne déçoit pas et s'impose comme une production majeure sur
la console de Sony.
Jeu à grand spectacle ultra linéaire d'un
classicisme certain, ses seuls véritables défauts sont, sans doute, un
level design peu inspiré et, peut-être, sa faible durée de vie, compensée
toutefois par un mode multijoueur solide et plaisant, auquel il ne
manque que la présence d'une campagne coop.